13 Février 2008
L'histoire
Mon avis
Voilà déjà cinq ans que Paul Thomas Anderson avait disparu de nos écrans. Tout ce temps donc pour que son nouvel opus (le 5ème) nous arrive. Une fois de plus, autant le dire tout de suite, c'est un chef d'oeuvre. Changeant encore totalement de style et d'époque après Hard Eight (pas vu), Boogie Nights (1998), Magnolia (2000) et le très beau et méconnu Punch Drunk Love, pourtant prix de la mise en scène à Cannes (2003), voici There will be blood, portrait sans concession d'un pétrolier au temps de la grande ruée vers l'or noir au début du 20è siècle.
Tiré d'un roman écrit à l'époque où les faits se déroulent, le scénario écrit par le metteur en scène lui-même est d'une grande limpidité. Chacun des personnages est parfaitement défini et étudié tout en gardant une part de mystère et de secret nécessaire à l'intérêt de l'histoire. Le tout est traité avec une certaine lenteur, surtout au début, qui installe parfaitement le récit, la progression de l'histoire et de l'itinéraire de chacun. La lente ou rapide métamorphose des individus, selon le cas, au contact de cet or noir, qui fait autant tourné les têtes que faire rentrer les dollars, est orchestrée de main de main de maître par une mise en scène grandiose. Anderson arrive à nous faire adhérer à tout : autant à l'histoire commune de ces hommes et ces femmes vers un nouvel eldorado, qu'à leurs histoires personnelles forcément liées, et qu'à l'origine même de l'exploitation de cette nouvelle énergie. Si le déroulement de l'action peut paraitre lent il n'en est rien, il prend juste le temps de bien tout nous montrer. Les paysages magnifiques de l'ouest américain, le mode de vie de l'époque et l'incroyable face à face de deux hommes assoiffés de pouvoir qui vont s'affronter sur de nombreuses années. Techniquement tout est bien sûr au diapason, un sans faute sur toute la ligne, seul bémol la musique. Ecrite par un des membres de Radiohead elle est parfois un peu envahissante et semble souvent inadaptée à l'image ou à la scène que l'on voit à l'écran. Enfin un détail face au colossal travail de P.T. Anderson, qui prouve (mais était-ce encore utile ?) qu'il est vraiment l'un des plus grands metteurs en scène américains. Cerise sur le gâteau, il était présent avec Paul Dano (Daniel Day-Lewis était resté à l'avant-première "officielle" sur Les Champs Elysées) à cette avant-première du 12 février à l'UGC des Halles où ils ont dit quelques mots sympas au public et ont eu droit à une standing ovation (naturellement l'appareil photo de mon portable n'a pas fonctionné !).
Ce qui nous amène logiquement à l'interprétation. Celle-ci contribue largement à la réussite et à la puissance du film. Il faut dire qu'avec le très rare (5 films en 10 ans) Daniel Day-Lewis au générique c'est quasiment un gage de succès. Voilà un acteur qui sait gérer sa carrière, ne tourne pratiquement que dans des chefs d'oeuvre et rend à chaque fois une copie parfaite. Il ne déroge pas à la règle cette fois encore. Sa prestation est tout bonnement époustouflante. Du grand art. Après déjà un Golden Globe et un Bafta du meilleur acteur on voit mal comment l'Oscar pourrait lui échapper. Face à lui on retrouve Paul Dano, le Dwayne frère muet de la Little miss sunshine. Il est lui aussi extraordinaire, et aurait mérité une nomination à l'Oscar du second rôle. Il tient parfaitement la distance face à son prestigieux partenaire. Toutes leurs scènes communes sont d'une force exceptionnelle, tour à tour drôle ou tragique. Un très beau face à face où chacun tentera constamment de dominer l'autre. Très fort. Le reste de casting est très convaincant et certaines "gueules" ont vraiment la tête de l'emploi.
L'un des films les plus attendus de ce début d'année tient toutes ses promesses. Tout comme son metteur en scène, qui nous a habitué à chaque fois à un grand film, confirme encore cette fois. There will be blood est une grande fresque épique, passionnante, dure, cruelle, réaliste. On apprend beaucoup sur ce morceau d'histoire de l'Amérique et du pétrole, tout en passant un excellent moment devant un film d'une parfaite beauté visuelle. La mise en scène et la direction d'acteurs de Paul Thomas Anderson en font le chef d'oeuvre attendu et espéré. Rien d'autre à rajouter juste : Allez le voir !
Golden Globes 2008 du meilleur acteur dans un drame : Daniel Day-Lewis
Oscar 2008 : meilleur acteur Daniel Day Lewis et meilleure photo. Nominations : meilleur film, réalisateur, décors, montage, scénario adapté.
Filmo sélective Daniel Day-Lewis