Ils viennent d’arriver en France. Ils sont Irlandais, Serbes, Brésiliens, Tunisiens, Chinois ou Sénégalais... Pendant un an, Julie Bertuccelli a filmé les échanges, les conflits et les joies de ce groupe de collégiens âgés de 11 à 15 ans, réunis dans une même classe d’accueil pour apprendre le français. Dans ce petit théâtre du monde s’expriment l’innocence, l’énergie et les contradictions de ces adolescents qui, animés par le même désir de changer de vie, remettent en cause beaucoup d’idées reçues sur la jeunesse et l’intégration et nous font espérer en l’avenir...
Après deux films de fiction particulièrement réussis (Depuis qu'Otar est parti et L'arbre), Julie Bertuccelli revient au documentaire, genre qu'elle avait déjà abordé par le passé. Elle pose cette fois-ci ses caméras dans un collège parisien pour suivre l'année scolaire d'une classe d'accueil regroupant des jeunes ados fraichement arrivés en France. Il se dégage de ce film une émotion à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Les enfants (et leur professeur) sont aussi touchants les uns que les autres. Dans un français forcément approximatif (surtout au début) ils nous font part de leurs espoirs en ce nouveau pays, en nous parlant aussi de ce qu'ils ont quitté. On se rend compte pour chacun d'entre eux des difficultés surmontées et ce qu'ils ont pour la plupart réussi à fuir (persécutions, maltraitances, mariages forcés...). Ils sont drôles, émouvants, légers, insouciants, sérieux, graves et tous absolument formidables. Ils parlent de politique, de religion, de leur avenir, de la vie tout simplement. La réalisatrice arrive, avec tact, sensibilité et sobriété, à capter des moments incroyables de joies ou de peine qui nous vont directement au cœur, en évitant tous les clichés et en ne jugeant jamais. La cour de Babel est donc un film formidable à voir absolument, surtout dans l'ambiance nauséabonde qui peut régner en France depuis quelques mois, et qui remet bien en perspective, je trouve, notre devise Liberté, égalité, fraternité (les enfants en parlent d'ailleurs). Un film attachant qui fait du bien...