Sorties cinéma et autres
21 Février 2025
Nouveau film de Delphine et Muriel Coulin, dont je n’avais pas aimé le premier film 17 filles. Vincent Lindon dans le rôle de Pierre, un père veuf élève seul ses deux fils en Lorraine. Le cadet, Louis (Stefan Crepon, suivi avec intérêt depuis Peter von Kamp), excelle dans ses études, tandis que l'aîné, Fus (Benjamin Voisin, impeccable dans un rôle ingrat), s'enlise dans une dérive inquiétante vers des groupuscules d'extrême droite, plongeant la famille dans une spirale de tensions et d'incompréhensions.
Dès les premières minutes, le film instaure une atmosphère lourde, où l'amour paternel se heurte à l'idéologie destructrice qui accapare le fils ainé. La mise en scène des sœurs Coulin est d'une sobre et efficace, capturant avec justesse les silences pesants et les confrontations verbales qui jalonnent le quotidien de cette famille en crise. Les dialogues, d'une belle authenticité, révèlent la complexité des relations familiales face à la montée de l'extrémisme.
Vincent Lindon livre, comme souvent, une belle performance, incarnant un père désemparé mais déterminé à sauver son fils de l'abîme idéologique (prix d'interprétation masculine à la Mostra de Venise en 2024).
Adapté du roman "Ce qu'il faut de nuit" de Laurent Petitmangin, le film explore avec une belle simplicité les mécanismes insidieux de la radicalisation et leurs répercussions sur le tissu familial. Les clichés, sont évités préférant une approche nuancée des failles du système et l'isolement affectif.
"Jouer avec le feu" est une œuvre nécessaire qui interroge sur les limites de l'amour parental face à l'embrigadement. Un film intense et bouleversant, qui ne laisse pas indifférent et invite à une certaine réflexion sur les malaises de notre société. Une réussite pour les soeurs Coulin. A voir donc.