14 Mars 2007
L'histoire :
Mon avis :
Le mélo romanesque à son paroxisme. Un film totalement kitsch et qui l'assume. On pense beaucoup à Autant en emporte le vent. Sous une enveloppe rose bonbon sucré, le portrait acide, froid et cruel d'une jeune fille romanesque et rêveuse qui orchestre sa vie comme celles des héroines de ses romans à l'eau de rose. Si l'histoire peut la faire paraître souvent antipathique, on a quand même du mal à la détester. Elle joue en permanence, et sous le masque on sent une fragilité, une peur de l'abandon et par dessus tout l'amour fou qu'elle voue à son mari. Charmante et manipulatrice, elle prend tout le monde dans ses filets, organisant autour d'elle une cour de fidèles qu'elle détruira les uns à la suite des autres. Quelques très belles scènes qui, je l'avoue, m'ont tiré les larmes : la demande en mariage sous la pluie, la mort de la mère, son agonie dans les bras de Nora...
J'étais à la première séance du matin à l'UGC des Halles, et François Ozon était là, dans une salle immense mais devant une quinzaine de personnes à peine ! Il voulait "voir qui pouvait bien se lever de bonne heure pour voir son film le premier jour à 9h du matin", c'était une bonne surprise et c'était très sympa. De film en film depuis Sitcom, il étonne toujours, changeant de style à chaque fois et nous offrant des films très différents les uns des autres. On adhère ou pas, moi j'adhère et si cet opus là est très différent du dernier Le temps qui reste, on retrouve sa patte et son style. Sa mise en scène, ici, est magnifique, riche et précise. Elle rappelle un peu celle de 8 Femmes. Tous les détails sont extrémement travaillés. On voit que rien n'a été laissé au hasard. Les costumes, les décors, les coiffures et maquillages sont très soignés. La musique, pouvant parfois sembler être un peu envahisante, est tout de même magnifique.
L'interprétation vient, en point d'orgue, compléter toutes les qualités du film. Romola Garai est une vraie révélation, elle crève l'écran. Elle porte tout le film à elle toute seule sur ses jeunes épaules. De l'adolescence à l'âge mûr, elle traverse la vie de Angel avec un charme, une légèreté, une arrogance et une félure dignes des plus grandes actrices. Nicole Kidman avait été pressentie pour le rôle c'est dire ! Michael Fassbinder en peintre torturé et amoureux transi est lui aussi formidable. Lucy Russell, la secrétaire, amie, confidente et accéssoirement amoureuse elle-aussi de Angel, est bouleversante de retenue, de dignité et d'éffacement, et sous le calme apparent c'est la passion qui la dévore, une très belle prestation. Sam Neil, l'éditeur lui aussi amoureux, et sa femme Charlotte Rampling, la seule à ne pas entrer dans le jeu de Angel et qui voit tout cela de l'extérieur, sont parfaits tous les deux.
François Ozon a réussi son pari. Ce film, dont il a l'idée depuis plusieurs années, tourné en anglais, avec des acteurs anglais, dans un style kitsch et très romanesque, est, pour moi, une pure merveille. A prendre au second degré ,à voir comme un grand mélo. Laissez vous embarquez et sortez les mouchoirs...!!!
La filmographie de François Ozon :