Anna Karenine

En deux film seulement, les très différents Reviens-moi et Hanna, Joe Wright s'est imposé comme l'un des réalisateurs les plus doués et les plus intéressants de sa génération. Il surprend une fois encore en nous offrant une version de Anna Karénine très différente de celle existantes. Celle-ci pourra d'ailleurs désarçonner bon nombre d'admirateurs du

roman de Tolstoï ou ceux qui attendaient un film avec grands espaces sous la neige... Aidé d'un scénario ingénieux de Tom Stoppard (Brazil, Shakespeare in love), il mêle habilement théâtre et cinéma en faisant prendre place la quasi totalité de l'action dans l'enceinte d'un théâtre justement. Le seul reproche que l'on pourrait faire est de, justement, ne pas s’être tenu au principe entièrement et avoir inclus quelques scènes en extérieur. Mais cela ne gâche en rien l'impression de réussite de sa mise en scène. On touche là une de fois plus à la virtuosité. Quelques scènes sont «à couper le souffle» comme la scène du bal ou celles des cubes, plus intime...Cela débute sur un rythme effréné et tourbillonnant, à nous faire tourner la tête. Pour se calmer ensuite un peu, relayer par la puissance des sentiments, la passion et la fièvre romanesque qui s'empare alors du récit et des personnages. Ceux-ci sont magnifiquement mis en valeur par un casting quatre étoiles vraiment très convaincant. Dans le rôle titre on retrouve Keira Knightley. Elle n'a jamais été aussi belle, et aussi peu agaçante contrairement à ces derniers rôles (A dangerous method...). Il faut croire que le réalisateur (pour la troisième fois) sait la diriger mieux que personne. Une de ses meilleures prestations ici en tout cas. A ces côtés, on retrouve, entre autres et tous aussi convaincants, Jude Law, Aaron Jonhson, Kelly MacDonald, Alicia Vikander (Royal Affair), Olivia Williams ou encore la toujours impeccable Emily Watson.

Techniquement, le film est un vrai tour de force. Faire tenir une salle de bal, un salon de thé, un appartement, un conseil des ministres, les bas-fonds de Moscou ou encore un gare ferroviaire dans un théâtre, pourrait paraître extravagant ou ridicule mais cela fonctionne très bien. On passe d'une scène à l'autre, au milieu des cordes, projecteurs et autre matériel de scène, sans aucun problème de crédibilité pour l'histoire. Cela fonctionne parfaitement. Le travail sur les décors est donc splendide, tout comme celui sur les costumes ou la musique, vraiment superbes.

Malgré ce procédé peu conventionnel, Joe Wright réussit sa mission. Cette nouvelle adaptation dépoussière avec modernité le roman foisonnant de Tolstoï et se révèle être donc une totale réussite. Pour ma part, j'ai été pris d'entrée par la passion et l'émotion que dégage le film et j'ai passé un excellent moment. Contre toute attente, cette Anna Karénine est donc une excellente surprise et l'un des meilleurs films de cette fin d'année...