17 Octobre 2012
Il est courant maintenant depuis quelques années de dire que le cinéma horrifique espagnol tient le haut du pavé. Des plus délirants aux plus effrayants, il offre quelques chefs d'oeuvres au cinéma ibérique, pas en reste dans d'autres genres non plus. Insensibles ne déroge pas à la règle malgré sa sortie très discrète. Sans les conseils avisés d'un ami cinéphile, je serai passé à côté. C'est le premier long métrage de Juan Carlos Medina dont il a écrit le scénario en collaboration avec Luis Berdejo, auteur du terrifiant REC. Auquel on pense d'ailleurs un peu. Tout comme on pense aussi au Labyrinthe de Pan, et même à Hostel ou Martyrs avec un côté bien plus poétique, et l'on peut dire même plus doux. Ce qui le rend d'autant plus malsain et nous met d'autant plus mal à l'aise. L'histoire, se déroulant sur deux époques, de nos jours et des années 30 à 60, commence d'une façon plutôt lente et cruelle pour accélérer et monter dans l'horreur au fur et à mesure. Progressivement une boule nous vient au ventre jusqu'à un final, où les deux époques se rejoignent, qui peut laisser perplexe. L'ensemble est malgré tout finement écrit et réalisé avec une grande maîtrise. Techniquement, c'est magnifique. Un grand soin est apporté aux images (même caméra que pour Drive et Melancholia, on comprend donc pourquoi !) ainsi qu'aux décors, aux costumes et aux maquillages. L’interprétation va de paire. Adultes comme enfants sont tous très convaincants.
Voilà un film qui ne laisse pas indifférent. Aussi fascinant que dérangeant. Il brasse de nombreux thèmes (la guerre, la famille, la filiation, la maladie, la douleur...) dans un climat fantastique visuellement splendide. L'interdiction au moins de 16 ans est peut être un peu exagérée mais le film est sans doute plus perturbant dans ce qu'il évoque que dans ce qu'il montre. C'est assez indéfinissable et en tout cas inracontable. Il faut donc allé le voir avant qu'il ne soit retiré de l'affiche (deux salles seulement à Paris)...Un choc donc, pour un premier film puissant qui glace le sang. Une expérience cinématographique assez éprouvante mais au final passionnante...