Pour sa première expédition à bord d'une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu'il s'agit apparemment d'une banale sortie dans l'espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l'univers...
Le risque avec les films très attendus, et l'écoeurement promotionnel qui en découle (la une de tous les journaux là quand même), est que l'on arrive devant en ayant l'impression de l'avoir presque déjà vu et l'on est souvent déçu. Seul solution : le black-out total (mais si difficile en ces temps de sur-médiatisation). De plus l'attente d'un nouveau film de Alfonso Cuaron, après l'échec (mais un statut de film culte) du Fils de l'homme en 2006, n'arrangeait pas les choses. C'est tout de même quasiment vierge que je suis arrivé devant Gravity. Toutes considérations précédentes oubliées, le choc attendu a bien eu lieu pour moi. N'écoutez pas les esprits chagrins qui vont vous dire que c'est totalement invraisemblable (mais la réalité dépasse souvent la fiction), que le scénario (de Cuaron écrit avec son fils) tient sur une demi-page, et qu'un trop plein de symbolisme et de sentimentalisme à l'américaine (finalement peu présents, cela ne m'a pas gêné en tout cas) vient gâcher une premier demi-heure d'une beauté et d'un contemplatisme sidérants. Le fait que personne ne pourra enlever au film est qu'il représente une prouesse technique rarement vue au cinéma. Sur ce plan là, le film se hisse sans problème au rang de chef d'oeuvre. Aucun domaine n'est laissé au hasard. Les effets spéciaux visuels, et l'ambiance sonore, sont d'une qualité rarement atteinte. La photographie d'Emmanuel Lubezki (chef opérateur de Malick) est à elle seule une œuvre d'art. Tous ces éléments orchestrés par la mise en scène puissante et virtuose de Cuaron, nous offre un film à la beauté visuelle à couper le souffle. La 3D est pour une fois bien visible. Je ne la vois d’ordinaire que très peu. C'est tout de même la première fois ici que je m'écarte pour éviter un objet qui vient vers moi ! Au niveau sensation, le plus réussi est l'ambiance d'angoisse que le réalisateur a réussi à mettre en place. On assiste là à un vrai huis clos dans l'espace qui m'a mis les nerfs à vif comme rarement. Etant un peu claustrophobe, je me suis senti enfermé, étouffant devant l'immensité de cet univers. J'ai trouvé le suspens insoutenable. Notamment lors des scènes de destruction au passage de la pluie de débris de satellites. Niveau interprétation, seuls les deux acteurs stars apparaissent à l'écran. Si Clooney campe là un second rôle, Sandra Bullock est de quasi toutes les scènes. Et, une fois n'est pas coutume, je l'ai trouvée très bonne. Le scénario rend le personnage très attachant et on peut y voir en seconde lecture, un beau portrait de femme qui se bat autant pour survivre dans l'espace que contre ses démons.
J'ai donc bien pris la claque attendue. Gravity est une expérience émotionnelle et sensorielle rare et sidérante. Un vrai beau et grand plaisir jubilatoire comme on en avait pas eu depuis des lustres (et en tout cas très peu cette année). Un film d'une force, d'une intensité et d'un suspens oppressant peu communs qui nous laisse totalement déboussolé et émerveillé. Un vrai bonheur...