3 Mars 2011
Après l'univers bourgeois du Roman de ma femme, en voici un autre avec une histoire que Chabrol n'aurait pas renié non plus. On est cette fois-ci plus dans le polar pur. Pour son deuxième film le réalisateur Raphaël Jacoulot excelle par une mise en scène simple, précise, discrète et maîtrisée, même si elle peut sembler sérieuse et académique. Cela ne gâche rien au plaisir ressenti. L'histoire est un vrai suspens et la direction d'acteurs impeccable. On assiste à l'explosion d'une famille bien sous tous rapports mais qui suite à un banal accident, va voir l'étau se resserrer autour d'elle implacablement. Plus que de grandes explications ou démonstrations, tout est ici suggéré. Entre non-dits et regards s'installe une ambiance tendue comme un arc, où la peur, l'angoisse et la culpabilité sont palpables. Implicitement les deux personnages vont s'affronter sans que jamais ils ne parlent de l'affaire. Pour interpréter tout cela que de bons acteurs. Jean-Pierre Bacri et Vincent Rottiers forment un duo formidable. Le premier tout en sobriété et assurance, le second en rage et fascination retenues dans un rôle presque muet. Ce dernier prouve qu'il n'est plus vraiment un espoir mais qu'il compte bien dans le cinéma français d'aujourd'hui. L'excellente Sylvie Testud a un second rôle mais ô combien important. C'est le cheveux sur la soupe de l'intrigue. La flic un peu loufoque mais pugnace qui va venir mettre son grain de sel dans tout ça.
Ambigu et troublant voir fascinant, Avant l'aube se révèle être un bon petit polar à la française comme on les aime. Sorti dans une totale indifférence, dommage, il ne va pas être beaucoup vu... En tout cas pour moi une excellente surprise.