23 Février 2012
Une bande-annonce qui n’en dit pas trop (une fois n’est pas coutume !), une nomination à l’Oscar 2012 du meilleur film étranger pour la Belgique et une très bonne rumeur. L’attente était donc grande pour ce premier film belge. Et l’attente est récompensée. La claque dans la gueule, le coup poing dans le ventre. Une vraie tragédie grecque sur fond de mafia, de trafic d’hormones pour bétail, de secret de famille et drame de l’enfance. Pour son premier film ce jeune réalisateur flamand a mis le paquet. Drame, comédie, satire sociale, polar, thriller, il y a de tout dans ce Bullhead. Un film et un personnage qui portent bien leur nom. Tout est bestial, massif, énorme. Pour un premier essai, on a rarement vu une mise en scène aussi solide, forte, mature, en un mot comme en cent : virtuose. Egalement auteur du scénario, Michael R.Roskam nous cloue sur place dès les premières images pour ne plus nous lâcher la gorge jusqu’à la dernière seconde. D’une épaisseur et d’une intensité folle, le film est aussi violent qu’il est poétique et rempli de moments de grâce, à la fois surréaliste et ancrée dans une réalité sociale quasi morbide. On ressort de la salle totalement estomaqué par ce que l’on vient de voir, avec un certain malaise, complètement sonné et groggy. Outre le metteur en scène et le film lui-même, l’autre grande révélation est l’acteur principal Matthias Schoenaerts. Il est tout bonnement ahurissant ! Une présence magnétique et un charisme qui crève littéralement l’écran et donne vie de façon magistrale à son personnage. Brute épaisse paraissant aussi puissante que sans cerveau, Jacky va, paradoxalement, peu à peu s’humaniser au fur et à mesure de sa descente aux enfers. Après le flash-back sur son enfance, il nous devient même on ne peut plus attachant, et on ne peut s’empêcher alors de le prendre en affection et d’avoir de la compassion pour lui. Une prestation et une performance qui restera comme l’une des plus fortes et des plus marquantes de ces derniers temps et de l’année. Il faut dire aussi qu’il est magnifiquement filmé (particulièrement dans la boite de nuit). Face à lui on retrouve une autre belle révélation en la personne de Jeroen Perceval. Dans un rôle ambigu, plus discret mais pas sans intérêt, il est aussi formidable dans son style. D’ailleurs l’ensemble du casting est parfait. Techniquement c’est également un sans faute. La photo est sublime, les images sont léchées, beaucoup de plans à couper le souffle : formellement le film est magnifique.
Plus qu’une surprise, Bullhead est une vraie expérience visuelle, quasi sensorielle et viscérale. A vivre autant avec les yeux que le cœur et les tripes. Le vrai premier gros choc de l’année. Impressionnant. Chef d’œuvre.