11 Décembre 2012
A l'instar de notre ami PierreAfeu (mais moins sans doute), dont je vous laisse apprécier la critique dithyrambique, j'attendais beaucoup du nouveau film de Andrea Arnold. Ce dernier a d'ailleurs bien failli ne pas sortir en salles en France faute de distributeur. Cela aurait été bien dommage car ces Hauts de Hurlevent est un film qu'il faut absolument voir sur grand écran. Il n'y a aucun doute, on est là, visuellement, en présence du plus beau film de l'année. Le format carré est particulier mais on s'y fait très vite (Tabou est sur le même mode). Il y a bien longtemps qu'on avait pas vu une photo aussi sublime et des images aussi belles. Une pureté et des couleurs à couper le souffle. Chaque plan est plus beau que le précédent, on a l'impression d'être devant une succession de toiles de maîtres. La beauté formelle du film n'a d'égal que sa violence. Violence des sentiments, violence de l'époque, violence des corps et de la nature. Le scénario est donc violent, sec et aride, mais d'une puissance rare. Pas de musique, très peu de dialogues. L'ensemble du casting est à la hauteur, ce qui prouve, une fois de plus, la parfaite direction d'acteurs de la réalisatrice. Que ce soit les deux jeunes acteurs ou les deux adultes jouant les mêmes rôles des années plus tard, ils sont absolument magnifiques. On ne s'attache pas à leurs personnages, ils ne sont pas aimables, mais eux on les aime...
On ne peut vraiment pas dire que cette nouvelle adaptation du roman d'Emily Bronte soit académique. La mise en scène de Andrea Arnold est d'une incroyable densité. Elle n'a conservé que le côté sombre et violent de l'histoire pour ne faire apparaître que ce qu'elle était vraiment : une histoire d'amour impossible et tragique. La sècheresse du propos empêche tout pathos et émotion mais nous laisse un sentiment brut et une fascination quasi hypnotique. Le tout allié aux images font des Hauts de Hurlevent une expérience sensorielle assez inhabituelle. Forte, dense, puissante, violente, dérangeante, déchirante. Après Red Road et Fish Tank, Andrea Arnold confirme donc. Trois films, trois réussites. Difficile d'accès son film est à classer dans la catégorie « des films qui se méritent » mais aussi dans celle des plus beaux films de l'année. Beau et envoutant.