7 Décembre 2012
Il aura fallu attendre le tout dernier programmé dans le cadre du Festival des Festivals pour qu'enfin un film digne de ce nom en prenne la première place. Un lointain écho annonçait depuis quelques semaines déjà Tabou comme l'un des films les plus intéressants de l'année. La critique semblait aussi dithyrambique. Au premier abord, on en ressort assez perplexe. Il faut laisser le tout reposer et faire son effet. Il faut dire que Miguel Gomes, réalisateur et scénariste, souffle le chaud et le froid au travers de deux parties bien distinctes. Et d'une forme qui n'est pas sans rappeler The Artist, format de l'image carrée, noir et blanc et en partie muet. On peut dire que la première partie est d'un ennui assez abyssal. La vie de trois vieilles femmes résidant sur le même palier s'emballe en une fin d'année où la plus vieille d'entre elle va mourir avant de retrouver le grand amour de sa vie. A ce moment précis, où mes yeux semblaient vouloir se fermer définitivement, surgit ce fameux grand amour qui va raconter, en voix off, leur histoire cinquante ans plus tôt en Afrique. Commence alors un autre film bien plus passionnant. La forme reste la même mais on entend plus parler les acteurs, seuls la voix de l'amant et les bruits ambiants sont audibles. C'est très particulier mais on s'y habitue très vite. L’histoire devient alors bien plus passionnante. Passion amoureuse interdite sur fond de colonialisme et de premiers frissons d'indépendance. Cette seconde partie redonne finalement de l’intérêt à la première, le tout s’avérant être très cohérent. Certes le réalisateur portugais nous offre là un très bel exercice de style mais son Tabou finit par fasciner, mystérieux et émouvant. Un film, de prime abord, difficile d'accès mais qui finit par marquer et faire son petit effet longtemps encore après l'avoir vu. Il rentre quand même dans la catégorie des films « qui se mérite », ovni cinématographique qui met un peu de piment dans cette année cinéma morose...