No

Nommé en meilleur film étranger aux récents Oscar, No est le nouveau film du réalisateur chilien des très remarqués Tony Manero et Santiago 73, post mortem (pas vu), Pablo Lorrain. Cette trilogie sur la période Pinochet prend donc fin ici avec la chute du dictateur due à une campagne de pub innovante et bien orchestrée. Fait unique dans l'histoire de l'humanité. Il faut quelques minutes pour entrer dans le film. La forme est quelque peu désarçonnante. Format carré, caméras d'époque qui donnent un grain très particulier, très vintage. Du coup, esthétiquement, ce n'est vraiment pas très beau. On se croirait dans un documentaire. Difficile de dissocier les scènes d'archives des scènes fictives. On pense parfois à Argo (mais qui n'avait, par contre, que des scènes de fiction). Le scénario est terriblement poignant ici. Allié à une mise en scène particulière mais très maitrisée, l’intérêt et le suspens montent en puissance jusqu'à un dénouement libérateur. La force de l'entreprise est de nous faire attendre le résultat fiévreusement en espérant que le non l'emporte, nous faisant totalement oublier que l'on connait déjà le résultat. Le reconstitution de l'époque n'est pas spectaculaire mais efficace et on en oublie rapidement la forme, dès qu'on l'a assimilée, tant le propos est fort et parfaitement rendu. L'interprétation est à la hauteur de l'entreprise. Le talent de Gael Garcia Bernal (aussi coproducteur) n'est plus à prouver. Il est de presque toutes les scènes et porte quasiment le film sur ses épaules. On retrouve aussi Alfredo Castro qui fut un Tony Manero hallucinant.

No est donc un film passionnant, dur et drôle à la fois. Un des plus originaux et intéressant de ces derniers mois. On en ressort un peu sonné mais heureux, en ayant pris une belle leçon de cinéma, de vie et de démocratie...Alors pour No, on dira oui !