3 Février 2008
L'histoire
Mon avis
En 2007 Susanne Bier nous avait offert After the wedding (nommé au meilleur film étranger aux Oscar) un des plus beaux mélos de ces dernières années. Un an après et après avoir traverser l'Atlantique elle remet ça. Produit par Sam Mendes (American beauty), ce drame est une merveilleuse chronique du deuil et de la perte d'un homme vu sous l'angle de plusieurs personnes : sa femme, ses enfants et son meilleur ami. Certes les deux films sont très différents mais on reconnait bien là la patte de la réalisatrice danoise. Au contraire de beaucoup de ses collègues européens débarqués à Hollywood, elle ne s'est pas trop perdu en chemin. Elle traite le scénario de façon simple, en évitant constamment de tomber dans le grand mélo ou le pathos dégoulinant. Sa caméra filme au plus prêt les personnages, magnifiques gros-plans sur les visages, les yeux et les mains. La photo de Tom Stern qui a fait les quatre derniers films de Clint Eastwood est magnifique. Quelques scènes nous tirent forcément quelques larmes mais beaucoup moins que son précédent film. L'émotion est toujours présente dès les premières scènes du film. Elle est toujours sous-jacente, prête à exploser, à nous attendre à chaque détour et n'explosera vraiment que dans les dernières minutes.
Mais le film vaut avant tout pour son interprétation. Benicio del Toro (oscarisé pour Traffic) est absolument grandiose. Une très belle performance, sans doute la meilleure de sa carrière. Il est incroyablement touchant dans ce rôle d'ex junkie, très crédible. Une des plus belles prestation de ce début d'année. Halle Berry est elle aussi très bien. Un de ces premiers rôles convaincants, enfin. Actrice très surestimée (Oscar 2001 pour le piètre Monster's ball du non moins piètre Marc Forster face à Nicole Kidman de Moulin Rouge), elle cumule depuis les nanars et les ratages : X-men, Gothika, Catwoman, Dangereuse séduction... Enfin un rôle à la mesure de son talent et des espoirs mis en elle. Ils forment avec del Toro un magnifique duo. Dans le rôle du défunt on retrouve David Duchovny. Ce dernier revient actuellement sur le devant de la scène et on le voit beaucoup entre le cinéma (Si j'étais toi ou X-files 2 prochainement) et la télévision (Californication). Les deux jeunes enfants et tous les autres petits rôles sont tous aussi très convaincants. La direction d'acteurs est donc la principale force de la réalisatrice et de son film, pour notre plus grand plaisir.
Nos souvenirs brûlés (Things we lost in the fire) est un très beau film. Sensible, touchant, humain, triste, fort. Un beau scénario et une mise en scène sobres, fluides, qui magnifient des acteurs au sommet. Après After the wedding, Susanne Bier confirme sans se perdre. Pour un metteur en scène européen, une fois n'est pas coutume...