1 Mai 2011
Rares sont les grands polars aux accents de tragédie grecque sur nos écrans en ce moment. Animal Kingdom en fait partie et c'est une excellente surprise. La première scène donne le ton d'entrée imposant une ambiance angoissante et fascinante nous prennant alors jusqu'à un dénouement inattendu et glaçant. Glaçant le film l'est d'ailleurs dans son ensemble. Sous des allures lambdas les Cody vont nous faire vivre les affres et douleurs d'une famille de gangsters déchirée à la fois par la trahison et la traque policière. Mise en scène brillante et scénario efficace nous offrent une histoire dure, sans jugement ni parti pris, d'une grande froideur malgré l'apparente unité des personnages. La violence des scènes de meurtres, sèche et à chaque fois inattendue, n'est rien comparée à la violence des sentiments exprimés ou non. Le tout est couronné par une interprétation hors paire. Les acteurs incarnant les trois frères sont très convaincants, tout comme Guy Pearce en flic. Le jeune James Frecheville dont c'est la première apparition à l'écran, est parfait pour le rôle. Une partition quasi muette mais qui exprime beaucoup et donne à l'ensemble un semblant d'humanité. Ce sentiment que l'on pensait trouver chez la mère, magnifiquement interprétée par Jacki Weaver (nommée aux Golden Globes et à l'Oscar du second rôle) mais qui s'avèrera bien vite être le personnage le plus terrifiant de toute la petite famille. On ressort de là un peu sonné voir perturbé par une histoire forte, à la fois belle et sordide, polar et drame familial. Un coup de maître pour un coup d'essai, David Michôd réalisant là son premier long métrage. Un film puissant et sans concession aussi réussi sur la forme que sur le fond.. Très efficace. A voir.