28 Septembre 2011
Vu en juillet en avant première au Festival de Paris We need to talk about Kevin continue encore aujourd'hui de me hanter. Il restera l'un de gros coups de poing (et de cœur !) de cette année cinéma. Que dire de ce film tellement il brasse de thèmes forts et tellement il vous prend aux tripes ? Un mélange de sentiments sans cesse contradictoires, soufflant le froid et (plus rarement) le chaud. On reste viscéralement scotché de la première à la dernière image. Le récit est éclaté en un terrible kaléidoscope, horrible et glacial, passant sans cesse d’une époque à une autre (ce qui peut dérouter). Le scénario est une merveille de mécanique dramatique au service d'une mise en scène d'une précision rare. Elle ne juge pas, mais nous délivre les faits, rien que les faits, froidement. Parfaite réussite pour Lynne Ramsay, réalisatrice britannique peu connue dont le dernier film remonte à 2003. Elle s’appuie sur une technique parfaite, du montage à la musique et, bien sûr, sur une interprétation qui frôle la perfection. Après avoir vu maintenant plusieurs des films sélectionnés à Cannes cette année, on se demande comment le prix d’interprétation féminine a pu échapper à Tilda Swinton. En comparaison, on est loin du jeu, finalement très lisse, de Kirsten Dunst dans Melancholia. On savait l’actrice anglaise talentueuse mais arriver à un tel degré de perfection, n’ayons pas peur des mots, relève de la rareté. Elle est juste prodigieuse. Passant par tous les états, elle incarne cette mère de famille désespérée, vivant la pire descente aux enfers qu’une mère puisse connaitre, dans un véritable état de transe (c’était mon cas en fait…), pour une partition qui fera date dans la filmographie de l’actrice et dans cette année cinéma. Il est rare de voir des actrices s’abandonner et se donner autant pour un rôle. Meryl Streep, Tilda Swinton et les autres…Il va sans dire que du coup, elle tire tous les autres vers le haut.
John C.Reilly est très bien dans le rôle du père aveugle (et lâche ?). Acteur discret et peu connu chez nous, il mériterait de plus grands rôles. On le verra dans le nouveau Polanski en fin d’année. La révélation du film est sans aucun doute Ezra Miller dans le rôle de Kevin. Déjà quelques films et séries télés au compteur mais il se révèle totalement ici. Il est sidérant et son regard inquiétant reste gravé longtemps dans la mémoire après avoir vu le film.
We need to talk about Kevin est un vrai choc. Un film qui se ressent autant avec la tête et le cœur qu’avec les tripes. Une expérience autant sensorielle qu’émotionnelle. Rarement une confrontation mère/fils au cinéma aura été aussi forte. Rarement un portrait de femme en perdition aura été aussi puissant. Rarement les sentiments de culpabilité et d’impuissance auront été si justement décrits. Un film effrayant qui sort de l’ordinaire, à ne pas mettre devant tous les yeux. Noir, profond, touchant, choquant. A voir sans hésiter !
Vu dans le cadre du Festival d’été. J’avais un peu insisté pour qu’il soit dans la sélection. Pour avoir vu tous les films sauf ceux du 21, je peux d’ors et déjà annoncé que mon vote N°1 pour l’actrice est là (sans vouloir influencer quiconque…)