30 Mai 2007
L'histoire :
Après une filmographie faite de nombreux films toujours sulfureux et dérangeants, Catherine Breillat vient ici vers un style beaucoup plus classique. Pour cela elle adapte une nouvelle de Jules Barbey d'Aurevilly auteur français du XIXè siècle. La mise en scène est bien sage et on ne peut plus académique. Point ici de fièvre ou de souffle épique amoureux. Si on ne s'ennuie pas vraiment, on suit les déboires de ces gens de la bonne société de 1835 sans grand intérêt. Certes la réalisatrice trouvera certainement un nouveau public avec ce traitement scénaristique et de mise en scène plus abordable, mais ce qui faisait justement la singularité de son cinéma a disparu. Si les dialogues sont bien écrits, la technique impeccable donnant une assez belle beauté visuelle, cela ne sauve pas l'ensemble d'un sentiment d'emprisonnement dans une sorte de carcan statique d'où l'émotion a du mal à s'échapper.
L'interprétation est assez inégale. L'inconnu Fu'ad Ait Aattou, dont c'est le premier film, espèce d'androgyne viril, peine à convaincre, on ne ressent pas la passion émanant de lui que ce soit pour sa vieille maîtresse ou sa jeune épouse. Si le personnage que joue Asia Argento semble ressembler à celui qu'elle est vraiment dans la vie, elle semble, elle, dans le surjeu et en devient agaçante. La jeune Roxane Mesquida s'est sort elle plutôt bien dans le rôle de la jeune épouse aussitôt épousée aussitôt délaissée. Par contre le couple Yolande Moreau/Michael Lonsdale est savoureux. Ils sont tous les deux très bien en langues de vipère et en briseurs de mariage. La révélation du film est sans conteste Claude Sarraute, qui, à 80 ans fait ses grands débuts au cinéma. Elle est formidable dans le rôle de la grand-mère craquant pour son futur petit-fils. Une participation bien sympathique qui nous sort un peu de notre torpeur. Si l'histoire peut rappeler par moment Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, qui est d'ailleurs évoquer dans le film, on est loin de la force tragique de celui-ci où d'une adaptation comme a pu la faire Stephen Frears.
Une déception donc pour cette adaptation de Catherine Breillat dont on attendait beaucoup plus au vue de ses précédents films. Elle dit elle-même que c'est la fin d'un cycle et le début d'un nouveau. Attendons la suite pour voir si elle c'est définitivement calmée ou si elle reviendra à quelque chose d'un peu plus accrocheur.