Shira vit au sein d’une famille juive orthodoxe à Tel Aviv. À 18 ans, elle rêve de mariage. Lorsque sa soeur ainée Esther meurt en couches, Yochay, son beau-frère, est poussé par la communauté à partir se marier en Belgique. Sa mère a une meilleure idée : et si Shira épousait Yochay ? Entre le coeur et la raison, Shira devra choisir.
Dans la mesure du possible, je vais voir les films israéliens qui sortent sur les écrans parisiens. On est rarement déçu. Un peu à l’instar de Wadjda en Arabie Saoudite, voici le premier film réalisé en Israël par une femme juive ultra-orthodoxe. Un drame familial et amoureux dans la communauté hassidique de Tel Aviv. Par conséquent le film est plein de danse et de chant (particularité de la communauté), ce qui procure au film une atmosphère particulière, plus joyeuse et lyrique que dans d'autres films du genre beaucoup plus austère. Mais la religion n'est pas le thème principale du film. Les habitués savent mon incompréhension de toutes religions, je connais d'autant moins celle-ci mais cela amène, paradoxalement, souvent une sorte de fascination pour ce genre de film. C'est encore le cas cette fois-ci. Le poids de la religion est bien sûr très présent ici. Mais il s'agit plus du poids de la tradition, de la famille. L'intrigue qui se trame autour de la jeune Shira a pour but de ne pas laisser échapper le nouveau-né de sa sœur défunte plutôt qu'un quelconque motif religieux. Il est donc plus question de culpabilité, de sacrifice et surtout d'amour, que de tradition et de soumission. Pour cela la réalisatrice Rama Burshtein, dont c'est le premier long métrage, arrive, par une écriture simple et fluide, tout comme sa caméra, au plus près des visages, à nous rendre attachants d'entrée tous ses personnages. On comprend facilement leurs motivations et leurs craintes. D’intérêts financiers, en grand-mère qui ne veut pas perdre son premier petit-fils, de la vieille fille qui manigance pour se faire épouser, à la jeune femme maladroite parce qu'impatiente de vivre, ce n'est donc finalement qu'une simple histoire de famille. La jeune héroïne est interprétée avec beaucoup de douceur, de délicatesse et de talent par la jeune Hadas Yaron (prix d'interprétation à Venise cette année pour ce rôle). On retrouve aussi Yiftach Klein, le très sexy et viril flic de Le policier, toujours aussi séduisant malgré la barbe et les papillotes. Ils sont formidables tout en non-dits, sentiments refoulés et émotions cachées.
Au final, Le cœur a ses raisons (quel horrible titre français qui fait surtout penser à la délirante série québécois, le titre anglais Fill the void «combler le vide» est beaucoup plus explicite) est très attachant et très émouvant, voir presque fascinant. Bien écrit, réalisé avec tact et sensibilité, parfaitement interprété, il nous fait donc passer un très bon moment et prouve une fois de plus de la vitalité et de la bonne forme du cinéma israélien. Une belle petite surprise.
Je reviens du cinéma.<br />
Comme dit sur facebook je suis allé voir le film grâce à ta critique, les avis que j'avais lus ici et ailleurs m'en ayant dissuadé.<br />
J'avais beaucoup lu que le film était réac, conservateur.<br />
Après l'avoir vu, je comprends mieux les gens qui ont réagi de la sorte.<br />
J'ai trouvé que, ce qui gênait (moralement s'entend), c'était le fait que le film ne prenne pas parti. Il ne prend vraiment jamais parti. Que ce soit sur les personnages, sur la situation, sur les décisions.<br />
Bon, des fois, c'est très bien les films qui laissent le spectateur un peu perdu, qui poussent à se faire son propre jugement d'une situation.<br />
Là, vu le sujet et l'appartenance religieuse spécifique de la réalisatrice, c'est plus embêtant.<br />
On ne sait pas trop ce que ce film veut dire, ni à qui.<br />
Je ne savais pas quoi penser des personnages. A l'égard de Yochai, je me disais que j'aurais dû compatir, ou bien le condamner. J'aurais dû cela, ou ceci. Mais tout compte fait, à force de ne pas savoir quoi penser, je ne pensais rien. Shira laisse un peu froid aussi.<br />
<br />
Les acteurs sont très bien. Je n'y connais rien en technique, je ne peux pas dire si le film était bien réalisé ou pas, mais je n'ai rien vu qui m'a gêné.<br />
<br />
D'un point de vue purement culturel, ça reste intéressant pour voir cette communauté vivre au jour le jour.
Dans d'autres films, dans un autre contexte, c'est très bien.<br />
Mais là vu le sujet, bon... cf. critique du Monde.<br />
<br />
Mon conjoint, lui, a adoré et il est d'accord avec ta critique à 100 %.
F
ffred
06/05/2013 08:30
C'est justement le fait que la réalisatrice ne juge pas ses personnages qu me plait...