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Le Ciné de Fred

Paradis : foi

 

 Paradis : foi : Affiche

 

Son Paradis, c'est Jésus. Anna Maria, une femme d'une cinquantaine d'années a décidé de consacrer ses vacances d'été à prêcher l'amour du Christ. Accompagnée de la statue de la Vierge, elle sillonne son voisinage. Mais sa vie bascule quand, après des années d'absence, son mari, musulman, revient d'Egypte... Une lutte intérieure s'engage alors pour Anna Maria entre son mariage et la Foi inconditionnelle qu'elle porte à Jésus.

 

Après le choc Paradis : amour, voici le deuxième volet de la trilogie Paradis du cinéaste autrichien Ulrich Seidl. L'histoire est bien sûr totalement différente mais sur la forme pas de changement. Une mise en scène aussi minimaliste et maîtrisée que pour le premier volet, aussi cinglante que les coups de fouet que Anna Maria s'impose. Mais le cheminement, pour nous spectateur (enfin pour moi), est bien différent. J'ai d'abord été agacé par cette femme, puis elle m'a fait rire, puis j'ai eu pitié d'elle. Enfin, elle m'a mis de plus en plus mal à l'aise au fur et à mesure du déroulement du récit. Voilà un scénario peu banal qui en dit long sur les ravages que la foi peut provoquer. Ne comprenant pas moi-même le principe même de la religion, quelle qu'elle soit, je ne vois que cela : c'est un esprit simple basculant dans un délire fanatique après s'être retrouvée seule. Cela amène d'abord, paradoxalement, des scènes plutôt cocasses, voir drôles. Pour basculer de plus en plus dans une violence et un malaise très particulier. Et cette obsession à vouloir absolument évangéliser, convertir les gens...ou les exorciser. La scène avec la jeune immigrée russe n'a rien à envier aux meilleurs films d'exorcisme. Maria Hofstatter est extraordinaire. Elle est vraiment habitée et porte avec force et conviction tout le film sur ses épaules. Il faut mieux, elle est de pratiquement toutes les scènes (et, ce qui n'a rien à voir, je trouve qu'elle ressemble beaucoup à Valérie Lemercier...). Nabil Saleh, le mari, comédien non-professionnel, est lui aussi étonnant.

Paradis : foi est différent de Paradis : amour et sans doute un peu moins fort. On y retrouve cette même misère affective et sexuelle chez les deux protagonistes (qui sont sœurs), Seidl ne les jugent toujours pas (les personnages sont toujours aussi peu « aimables »), il les montre simplement. C'est sans doute encore plus sec et plus aride, plus radical. Mais toujours puissant et dérangeant. On en sort, pour des raisons différentes donc, tout aussi ébranlé. Plus j'y pense et plus il me hante. Beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord, voilà un film qui ne peut laisser indifférent, qui va sans doute diviser et qui amène à réfléchir une fois de plus sur la nature humaine...Le triptyque Paradis se continue donc avec un intérêt intact et un même bonheur de cinéma. Reste l'Espoir...

Paradis : foi
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