20 Décembre 2013
S'il y a bien un film culte dont on se doutait pas avoir un jour le remake, c'est bien le Carrie de Brian de Palma. Enfin, d'après les créateurs de ce Carrie la vengeance, il s'agit là plutôt d'une relecture du premier roman de Stephen King dont je ne me souviens plus du tout. Il faut dire que je l'ai lu enfant. C'est d'ailleurs le premier livre de lui que j'ai lu, qui m'a terrorisé, et qui m'a rendu accroc (un temps) à l'auteur. Le film m'avait bien évidemment aussi perturbé. En prévision de voir ce nouveau long métrage de Kimberly Peirce (Boys don't cry), j'ai donc revu la première adaptation. Si le film a bien vieilli sur la forme, sur le fond il reste terrifiant. La mise en scène de De Palma est solide, voir virtuose pour l'époque. Il utilise déjà le split-screen mais à petite dose. Plus que sur les effets spéciaux et le gore, le scénario s'attarde sur la psychologie des personnages. Près de quarante ans après le film est toujours terrifiant, plus dans le propos donc que dans les images. Je m'attendais à une nouvelle version inepte et sans saveur avec un déferlement de violence et de sang. Époque et course au box-office obligent, c'est un peu le cas. L'approche de De Palma est oubliée au profit du sensationnel. La technique ayant évoluée, les effets spéciaux ont suivi le mouvement. Ils sont honnêtes sans être renversants. Autre époque, autres moeurs, les détails de la vie quotidienne, devenue bien plus politiquement correcte : les adultes ne fument plus dans le lycée, la prof ne gifle plus ses élèves, qui ne copulent plus dans les voitures...L'interdiction aux moins de 16 ans est tombée au moins de 12 ans. Si l'intrigue reste la même quelques détails changent. Le début est différent, la fin aussi. Beaucoup de plans et de dialogues sont tout de même copiés/collés. Pas mal de rescapés au massacre final alors que tout le monde y passait initialement. Même la prof sympa qui finissait aussi par se moquer. Elle est sauvée ici. Carrie et sa mère sont plus « gentilles », plus humaines. Il faut dire que le choix de l'actrice principale n'est pas des meilleurs. Chloë Grace Moretz n'a ni le charisme ni le talent de Sissy Spacek, impressionnante dans le rôle. Son unique avantage est d'avoir l'âge du rôle (Spacek avait 26 ans, mais un physique tellement particulier qu'il collait parfaitement). J'adore Julianne Moore, c'est une grande actrice. Mais ses choix de films laissent à désirer depuis quelques temps (Jodie Foster a judicieusement refusé le rôle). On se demande vraiment ce qu'elle est venue faire là-dedans. Son interprétation n'arrive pas à la cheville de celle de Pipper Laurie (nommée aux Oscar comme Spacek) dans le rôle de la mère. Aujourd'hui encore, elle est toujours aussi terrifiante, complètement hallucinée. Malgré tout, cette nouvelle version n'a pas à rougir. Je m'attendais à bien pire. Cela se laisse regarder sans déplaisir. On peut tout de même rester perplexe sur la pertinence d'une nouvelle adaptation. Celle de Brian de Palma restera la seule et unique, Sissy Spacek, et son regard si terrible, restera la seule Carrie...
Dans la foulée, j'ai vu aussi Carrie 2 : La haine (1999). Une suite, vingt ans après, qui reprend exactement la même trame, sous la forme d'un teen-movie très en vogue dans les années 90. Très peu d'intérêt. Sue, la seule rescapée du massacre, est devenue principale du lycée où Rachel, demi-soeur de Carrie est élève et subit les même brimades que son ainée, pour le même résultat. Aucune imagination, aucune surprise...