Jude est Américain, Mina Italienne. Ils se rencontrent à New York, tombent fous amoureux et se marient. Lorsque Mina tombe enceinte, une nouvelle vie s’offre à eux. Mais l’arrivée du bébé bouleverse leur relation. Mina, persuadée que son enfant est unique, le protège de façon obsessionnelle du monde extérieur. Jude, par amour, respecte sa position jusqu’à ce qu’il comprenne que Mina commence à perdre contact avec la réalité.
Pour être franc, cet Hungry Hearts n'était pas vraiment à mon programme. J'avais eu du mal avec le précédent film du réalisateur La solitude des nombres premiers. Mais j'aime beaucoup Alba Rohrwacher, et avec son partenaire ils ont obtenu un double prix d'interprétation (mérité) au dernier festival de Venise. Bien m'en a pris donc car j'en suis ressorti bouleversé. J'ai trouvé le film d'une force incroyable. La mise en scène de Saverio Costanzo est beaucoup moins sophistiquée que pour son dernier opus. Plus simple, plus tendue aussi, caméra à l’épaule, il nous plonge dans l'intimité de ce couple de façon aussi dérangeante qu'intense. Toute une scène, surréaliste, est filmée du dessus, les acteurs légèrement déformés, totalement flippant. Cela commence comme une comédie, continue en comédie romantique, pour glisser subrepticement et inéluctablement vers le drame et la tragédie. On est pris à la gorge et au ventre dans un véritable suspens, une vraie urgence, avec une irrépressible envie d'aider cet homme et de lui crier quoi faire. On plonge alors dans un véritable thriller psychologique qui nous met les nerfs à fleur de peau, le tout accentué par une musique qui appuie bien là où ça fait mal (peut être trop...). Le scénario, aux personnages bien cernés, est donc parfaitement écrit. On assiste, aussi impuissant que le mari, au détachement de la réalité de la femme (incroyable Alba Rohrwacher), et à la descente aux enfers du jeune homme (tout aussi formidable Adam Driver). Bizarrement, le bébé n'a pas de nom. Le dénouement, aussi glaçant qu'imprévisible, finit par nous achever. On ressort de là très perturbé avec un profond sentiment de malaise. Je ne m'attendais vraiment pas à ressentir une telle angoisse devant ce Hungry Hearts à la tension extrême, oppressant, étouffant, sombre et terrible. Un bonne claque totalement inattendue donc. En vérité, un vrai film d'horreur !