3 Novembre 2017
Après la claque The Lobster et le non moins étrange et dérangeant Canine, Yórgos Lánthimos remet ça. Prix du scénario à Cannes cette année cette Mise à mort du cerf sacré aurait mérité mieux. Le réalisateur grec nous offre une œuvre fascinante à la tension écrasante, aussi lente qu’hypnotique, aussi étouffante que troublante. Plus ancré dans la réalité que d’ordinaire (même si toujours empreint de fantastique), le scénario est une merveille d’écriture. Vengeance, amour, famille, culpabilité, manipulation, sacrifice, sur large palette de thèmes dont ceux de prédilection de Lánthimos. La mise en scène est toujours aussi virtuose et puissante. Le casting toujours impeccable. Après The Lobster Colin Farrell (parfait) retrouve le metteur en scène et sa partenaire du récent Les proies (aussi à Cannes). Nicole Kidman est au diapason. D’abord effacé, le rôle prend de plus en plus d’épaisseur pour finir à jeu égal avec celui de son partenaire. Le jeune Barry Keoghan (déjà vu cette année dans Dunkerque et A ceux qui nous ont offensés cette année) est une vraie révélation. Il est absolument bluffant et totalement terrifiant. Les jeunes acteurs qui incarnent les enfants sont aussi très bien. Techniquement, c’est superbe. La photo est sublime, les décors froids et la musique effrayante.
Mise à mort du cerf sacré est donc un film glaçant, angoissant, hors norme, aussi étrange et dérangeant que les autres films du réalisateur (et sans doute son meilleur), qui nous remue en profondeur et ne laissera pas indifférent (beaucoup de personnes ont quitté la salle en cours de projection). J’en suis sorti mal à l’aise, aussi perturbé que fasciné en me demandant bien ce que je venais de voir mais en étant sûr d’avoir assister à un grand moment de cinéma devant l’un des meilleurs films de l’année, si ce n’est le meilleur. Chef d’oeuvre.