24 Octobre 2012
Voici donc la Palme d'or de l'année. Ces dernières temps, la plus haute distinction du festival n'a jamais vraiment fait l'unanimité (Oncle Boonmee, The tree of life...). On pensait cette fois que celle-ci allait faire consensus et satisfaire tout le monde. Les échos de Cannes étaient excellents et l'on s'attendait à quelque chose de grandiose. Et puis Michael Haneke n'est pas un manchot. Seulement voilà, tout cela ressemble fort à un pétard mouillé. Amour est très décevant. Certes, le pitch ne nous promettait pas des scènes d'action. Mais quelque chose bourré d'émotion, d'humanité et d'amour. Les deux derniers sont bien présents, quoi que, mais d'émotion je n'en ai jamais ressenti aucune. Pourtant je suis bon public, toujours prêt à verser une petite larme et à être bouleversé. Mais là rien. La fin de ce couple qui s'aime à la folie m'a complètement laissé de marbre. La force habituelle de mise en scène de Haneke n'est pas là. On dirait qu'elle s'éteint progressivement, en même temps que la vieille femme décline. Le scénario ne nous épargne rien des petits détails sordides de la vie quotidienne des personnes âgées et de la déchéance physique. Alors oui, cela se veut réaliste, c'est comme ça que cela se passe dans la vie ? Alors pourquoi cela semble-t-il tellement repoussant ? Parce que c'est comme ça qu'on finira tous un jour, parce que le film ne nous fait penser qu'à la mort et finalement très peu à l'amour ? Sans doute un peu tout cela. Et puis bien sûr c'est lent, long (2h06), et très vite cela devient ennuyeux. Le tout est très théâtral, surtout dans la diction des comédiens qu'on croirait voir lire leur texte. On éprouve aucune empathie ni attachement pour les deux personnages principaux. Les protagonistes qui passent de temps en temps n'arrangent rien au problème. La fille, un ancien élève, les infirmières, les concierges, ne veulent pas être vus par Anne à l'agonie, et nous non plus. Ils sont aussi tristes et/ou intéressés les uns que les autres. Reste l'interprétation. Jean-Louis Trintignant est très bien, mais le rôle n'évolue guère tout au long du récit, il est un peu monocorde, tandis que celui d'Emmanuelle Riva prend de l'ampleur et de l'épaisseur, tout naturellement, au fur et à mesure que le personnage décline. Gageons qu'en février prochain, les votants des César auront à cœur de récompenser, à travers ce film, deux carrières longues et exemplaires. On retrouve aussi, dans le rôle de la fille, Isabelle Huppert pour une fois très sobre, amie du réalisateur qui lui avait décerné une première Palme d'or bien plus méritée en 2009. Et dire qu'Holy Motors, Cosmopolis et De rouille et d'os sont repartis bredouilles...Ce nouvel Haneke fraîchement palmé d'or est donc une bien belle déception. Un film arthritique qui sent la naphtaline et qui ne procure aucun plaisir et aucune émotion... Il ne m'a pas du tout touché, même s'il faut mieux y aller avec un moral en béton, alors que j'en attendais tant...Encore une Palme d'or décevante...En bref : à fuir...