19 Septembre 2012
Avec Mademoiselle Chambon, un de mes films préférés, Stéphane Brizé avait placé la barre très haute. C'est dire si celui-ci était attendu et si le risque d'être déçu était grand. On demande toujours plus, ou au moins la même chose, à quelqu'un qui vous a donné beaucoup de bonheur. A la fin de la projection (vu en avant première, il y a quelques jours), je ne savais pas quoi en penser. Le sujet est très fort, voir dérangeant. Il touche à des choses très intimes pour chacun d'entre nous. Le problème est que j'ai un rapport à la mort très particulier et un rapport à la mère encore plus spécial. Difficile donc de réagir, de quelque manière qu'elle soit. Je trouvais le tout très lisse, long et lent, et surtout sans émotion, à part bien sûr une scène finale terrible. Et puis cela fait son petit bonhomme de chemin et son travail dans la tête. Et tout d'un coup, il prend toute son ampleur et toute sa force. Même s'il reste toujours aussi difficile d'en parler. Chacun se fera sa propre idée avec son propre vécu.
Quant au film proprement dit, Stéphane Brizé continue dans le style qui lui est propre. Le minimalisme. De longs plans en silences, de disputes violentes en moments de tendresse volés, on assiste aux derniers moments de cette mère avec son fils avec un tact et une délicatesse qui n'ont rien à envier aux précédents films du réalisateur. Le casting est une fois de plus impeccable. Hélène Vincent n'a sans doute jamais été aussi convaincante. On la savait excellente actrice mais la performance reste là époustouflante. D'aucun compare déjà le film à Amour. L'interprétation de la comédienne ici est sans doute plus forte et plus remarquable que celle d'Emmanuelle Riva dans le film de Haneke. Lindon est très bien, mais dans un registre qu'on lui connait bien maintenant. Le truculent voisin est joué par Olivier Perrier, très drôle et très touchant. Tandis qu'on retrouve une Emmanuelle Seigner très sobre dans quelques très belles scènes.
Il est sûr que, malgré quelques moments plus légers (et très bienvenus) plein d'humour, le film est plutôt lourd et plombant. Mais il a le mérite de nous faire réfléchir sur quelques sujets universels tels que les rapports entre les gens, les relations enfants/parents, parler de ses sentiments ou choisir sa mort. Quelques heures de printemps est donc un film qui se mérite et qui ne peut laisser indifférent. A ne pas voir un jour de déprime...