25 Février 2010
Los Angeles, 1962. Depuis qu'il a perdu son compagnon Jim dans un accident, George Falconer, professeur d'université Britannique, se sent incapable d'envisager l'avenir. Solitaire malgré le soutien de son amie la belle Charley, elle-même confrontée à ses propres interrogations sur son futur, George ne peut imaginer qu'une série d'évènements vont l'amener à décider qu'il y a peut-être une vie après Jim.
Que dire sinon que la déception est là au final ! A single man est de ces films attendus que l'on aurait aimé adorer. On fait d'ailleurs tout jusqu'à la fin pour que cela arrive...en vain. Le constat est simple : trop d'esthétisme tue l'émotion. Le film est parfait (trop ?) d'un point de vue formel, mais on a surtout l'impression de lire un exemplaire de Vogue ou autre magazine de mode ou de voir un très beau spot de pub pour un parfum de grande marque. Tout est à sa place, parfaitement étudié et mis en lumière. La qualité des images est exceptionnelle. Tout comme les décors, costumes, coiffures... On pense beaucoup à In the mood for love (dans toutes les bouches à la fin de la projection), jusque dans la musique très ressemblante. Pour ce qui est de l'émotion et de la dramaturgie par contre, Tom Ford passe à côté de son sujet. Rapidement, même si on est conquis par la beauté de l'ensemble, on commence à s'ennuyer poliment. Les personnages sont bien là, on comprend le mal être, la solitude et la souffrance. Mais il ne nous l'a fait pas vivre. Ce n'est pas la faute aux acteurs qui eux sont aussi parfaits, mais ils font trop "partis"du décor. Colin Firth a vraiment le physique et la classe pour le rôle, il est impeccable, prix d'interprétation à Venise et justement nommé aux prochains Oscars. Julianne Moore vraiment très belle, comme toujours juste et crédible, mais on la voit finalement très (trop) peu. C'est dommage car toutes les scènes où elle apparait redonne de l'intérêt à l'histoire, surtout la scène du dîner, la plus réussie du film, car là ça bouge enfin un peu, entre constats d'échec, vérités et engueulade. Mais cela retombe très vite. Même des dernières minutes plus intenses et tragiques arrivent trop tard, le mal est fait.
Pour son premier film Tom Ford peine donc à convaincre. Son film est visuellement une vraie oeuvre d'art. Pour ce qui est de la mise en scène et de la puissance narrative, il y a encore beaucoup de travail. Ce qu'il nous propose là est finalement une suite logique de ce qu'il sait faire dans la mode : créer de belles choses. Mais une belle enveloppe sans contenu n'a jamais donné un grand film. On a juste ici un bel objet sophistiqué. Dommage cela aurait pu donner quelque chose de grandiose.