Alors qu’elle touche le fond, et que son mariage avec le riche homme d’affaires Hal bat de l’aile, Jasmine, New-yorkaise aussi snobe qu’élégante, décide de s’installer chez sa soeur Ginger, qui vit dans un modeste appartement de San Francisco, pour tenter de surmonter la crise. Lorsque Jasmine arrive en Californie, elle est profondément perturbée, sous l’effet des antidépresseurs...
Voilà déjà huit ans que l'on attend un nouveau grand film de Woody Allen. A part un Whatever works plutôt drôle et un sympathique Midnight in Paris, pas grand chose à se mettre sous la dent ces derniers temps. On avait donc quelques espoirs pour ce Blue Jasmine. La rumeur l’annonçait comme le meilleur depuis Match point et la rumeur avait raison (moi je n'ai pas aimé Vicky Cristina). Woody se rappelle donc à notre bon souvenir. A chaud, je n'avais pas spécialement été emballé après l'avant première de août dernier (en présence des actrices et du réalisateur qui nous a même parlé en français...). Avec le recul, on peut dire que cette Jasmine là ne manque pas de charme(s) ni d’intérêt(s). Le scénario est bien écrit (aller-retours passé/présent bien amenés), les dialogues sont assez savoureux. Un peu trop bavard selon certains mais quel film du réalisateur ne l'est pas ? C'est rythmé et sans temps mort, ancré dans une réalité (crise sociale et crise personnelle) un peu absente de ses derniers films. On est surtout là devant un beau portrait de femme névrosée et brisée qui tente de se reconstruire grâce à (ou malgré) sa famille. De Diane Keaton à Mia Farrow en passant par Scarlett Johansson, le metteur en scène a souvent donné de très beaux rôles à ses actrices. Voilà sans doute le meilleur de Cate Blanchett. Elle est absolument extraordinaire. On connait son talent et ses interprétations impeccables mais je dois dire qu'elle m'a surpris ici. Un rôle à sa mesure qui devrait lui valoir au moins une nomination à la statuette (et sans doute plus). Elle est toute autant agaçante qu'attachante, une des meilleures performances d'actrice de l'année. A ces côtés, le casting est donc tout naturellement tiré vers le haut. Sally Hawkins, dans le rôle de la sœur, est elle aussi formidable. Le couple qu'elle forme avec Bobby Cannavale est vraiment pittoresque et drôle. Avec aussi Alec Baldwin, Peter Sarsgaard et Michael Stuhlbarg.
Pour sa cuvée annuelle, Woody Allen nous offre donc une comédie dramatique très réussie. Aussi douce-amère que pleine humour, avec une fin plutôt sombre et un ensemble bien plus noir que ces précédents opus. Et un rôle en or pour Cate Blanchett, qui fait qu'on ne peut que l'aimer encore un peu plus...
J'attends avec impatience de le voir. Cate Blanchett était à Deauville pour la présentation du film, très souveraine, mais je n'y étais pas malheureusement.