Bambi

Bambi devait être à l'origine l'un des chapitres des Invisibles (César du documentaire 2013). Mais Sébastien Lifshitz, le réalisateur, a vu avec l'histoire de Bambi (Jean-Pierre puis Marie-Pierre) l'occasion de faire un magnifique portrait d'un des premiers transsexuels de France. Bambi a donc eu droit à son film à elle toute seule. On assiste là à un formidable et touchant portrait de femme. Car Jean-Pierre s'est toujours senti femme, l'opération a juste régularisé les choses. De son enfance en Algérie dans les années 30 et 40, à son retour récent dans ce pays qui l'a vue naitre, on apprend le parcours étonnant de cette personnalité hors du commun qui voulait juste vivre et être elle-même. De meneuse de revue à Paris à professeur de français anonyme de l'éducation nationale, Marie-Pierre nous raconte l'histoire de sa vie avec pudeur, intelligence et discrétion. Un document terriblement émouvant pour une histoire incroyable et un film bien trop court (58mns). On se serait bien resté un peu plus longtemps avec Bambi et sa voix si envoutante. Sébastien Lifshitz réussit de nouveau un documentaire fort et puissant (Teddy Award du documentaire, Berlin 2013) alliant images d'interview d'aujourd'hui et images d'archives. Le tout est fait avec un tact infini qui évite à la fois tout pathos et tout glauque. Une réalisation et une technique impeccables font aussi de Bambi, à l'instar des Invisibles en 2012, l'un des films les plus touchants et les plus intéressants de l'année. Passionnant et bouleversant.