Dahai, mineur exaspéré par la corruption des dirigeants de son village, décide de passer à l’action. San’er, un travailleur migrant, découvre les infinies possibilités offertes par son arme à feu. Xiaoyu, hôtesse d’accueil dans un sauna, est poussée à bout par le harcèlement d’un riche client. Xiaohui passe d’un travail à un autre dans des conditions de plus en plus dégradantes. Quatre personnages, quatre provinces, un seul et même reflet de la Chine contemporaine : celui d’une société au développement économique brutal peu à peu gangrenée par la violence.
De Jia Zhang Ke je n'avais vu, et pas du tout aimé, que Still Life en 2007. Son nouveau film, auréolé d'un prix du scénario à Cannes cette année et d'une bonne rumeur, est une bonne claque à laquelle je ne m'attendais pas. Tiré de quatre faits divers sanglants, A touch of sin est d'une grande force et d'une noirceur totale. Dès la première scène la violence nous prend à la gorge et ne nous lâchera plus jusqu'à la fin. Plus cela avance et plus j'ai été tétanisé, attendant à chaque scène une explosion de violence plus grande que celle d'avant. A côté de cela, les personnages sont tout de même parfaitement décrits, qu'on comprenne ou pas leur cheminement. Ils se croisent à peine, les quatre histoires n'ayant rien à voir les unes avec les autres. Le scénario est d'une solidité magistral quand la mise en scène est d'une force et d'une maitrise incroyables, nous clouant littéralement au siège. Les acteurs sont tous aussi crédibles que touchants ou émouvants.
On en ressort passablement perturbé. Aussi puissant sur le fond que magnifique sur la forme, A touch of sin est un des films marquants de cette fin d'année. Terrible, noir, saisissant et glaçant, il dresse un portrait de la Chine contemporaine qui fait froid dans le dos. Très fort.