4 Février 2017
Après un mois de janvier bien faiblard, voilà enfin le premier grand film de 2017. Arrivé sur les écrans avec beaucoup (beaucoup) moins de tapage que le consensuel La la land. La différence de profondeur entre les deux films n’a d’égale que l’importance du budget marketing et le tapage médiatique. J’arrête de parler de l’arnaque du film de Damien Chazelle avant de me faire insulter à nouveau. Il y a tout ici. Un scénario d’une belle profondeur, sans pathos, clichés ou autres facilités, subtil mélange des expériences de Tarell Alvin McCraney, auteur du texte d’origine, et du metteur en scène, Barry Jenkins, originaires du même quartier défavorisé de Miami. Un récit, sensible et délicat, magnifique portrait d’un homme qui se cherche dans une société qui lui interdit d’être ce qu’il est, qui pourrait (devrait) faire exploser quelques préjugés. Une émotion sèche, rude, violente. Des personnages complexes et parfaitement cernés. Une mise en scène puissante (et virtuose) et à la fois discrète (et bienveillante). Des scènes très dures, d’autres d’une infinie douceur, d’autres magnifiques de simplicité ou justes déchirantes. Et bien sûr, une interprétation exceptionnelle. Un casting inconnu dont les acteurs (les personnages à 9 et 16 ans) font, pour la plupart, leur première apparition au cinéma. Trevante Rhodes (Chiron adulte) est formidable, Naomie Harris (Skyfall, Spectre) et Mahershala Ali (House of cards) sont justement nommés aux Oscar. On peut ajouter à tout cela une bande originale très efficace et des images superbes. Pris aux tripes dès les premières minutes, le film m’a particulièrement touché et, toutes proportions gardées, m’a rappelé quelques souvenirs (pas forcément agréables). J’en suis sorti bouleversé et il me hante encore depuis. Une vraie belle et grande expérience de cinéma, intelligente et nécessaire. Trois parties, trois claques, un choc.