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Le Ciné de Fred

Sorties cinéma et autres

Camille Claudel 1915

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Enfin ! Revoilà Juliette Binoche ! Car depuis Copie conforme (prix d'interprétation cannois en 2010) il faut dire que ses choix non pas été très judicieux (Elles, La vie d'une autre, A cœur ouvert, et même Cosmopolis où elle n'avait pas sa place). Elle retrouve ici un grand et beau rôle. Digne de son talent et plus en rapport avec sa filmographie, certes inégale, mais l'une des plus belle du cinéma français parmi les actrices de sa génération. Elle rejoint par la même occasion l'un des réalisateurs français les plus atypiques et les plus intrigants (L’humanité, Flandres, Hadewijch, Hors satan...), qui tourne pour la première fois avec une actrice connue. Celui-ci s’intéresse donc ici à la sculptrice Camille Claudel. Son film commence là où Bruno Nuytten l'avait laissée en 1988. On pense bien sûr rapidement à Isabelle Adjani qui avait tenu le rôle à l'époque, et qui, en d'autres temps, aurait très bien pu tenir celui-là. Mais la comparaison s'arrête là, les deux films n'ont rien en commun à part leur personnage. Ce Camille Claudel 1915 fait partie de cette catégorie de film qui se mérite. Pour moi, ce fut un choc. Tout le talent de Dumont est d'avoir monté son film comme un documentaire. A part Binoche tous les personnages tiennent leurs propres rôles. Les malades de l'asile sont de vraies patientes, les nonnes sont leurs vraies infirmières. Cela se voit, ces dernières jouent très mal, mais paradoxalement cela n'est pas du tout gênant, et toutes sont terriblement touchantes et attachantes. Cela rend l'ensemble d'autant plus fort, d’autant plus vrai. On a vraiment l'impression d'être plongé au cœur d'un hôpital psychiatrique, l’ambiance n'en est que mieux rendue. La mise en scène est d'une force incroyable, minimaliste, épurée à l’extrême. Peu de dialogues, surtout au début. Pas de musique. Une image magnifique. Des décors et des costumes d'une grande simplicité. Et, dès le départ, une sensation d'enfermement, d’oppression, de quasi claustrophobie mais avant tout d'impuissance et d'infinie tristesse. Voir le combat de cette femme pour retrouver une liberté qu'elle sait, au fond, impossible, se battre contre elle-même et contre les autres, en vain, pour finalement laisser aller et se résigner, sert le cœur et la gorge de la première à la dernière minute. Le visage de Camille sur la dernière image reste imprégnée dans la tête longtemps après la projection. Pour l'incarner, il fallait une très grande actrice, qui ose jouer sans fard et sans maquillage, qui s'abandonne totalement. Juliette Binoche est donc celle là. Elle est juste prodigieuse, touchante, bouleversante. Elle ne joue pas, elle est Camille Claudel. Elle se fond parmi ces femmes déconnectées de manière naturelle et totalement désarmante comme elle se fond dans le personnage en s'abandonnant et s'oubliant totalement. L'un des plus beaux rôles, si ce n'est le plus beau de toute sa carrière. En tout cas, l'une des interprétations de l'année.

Sur le papier, ce Camille Claudel 1915 peut paraître rébarbatif. Surtout avec Bruno Dumont aux commandes. Je pense qu'il le sera pour beaucoup (mais dans la salle, pleine, personne n'est parti avant la fin) et il risque de diviser. D'un dépouillement total, le film peut paraître radical, austère, sec et aride (et il l'est), mais n'est finalement, pour ma part, que pure émotion. J'en suis ressorti profondément touché et bouleversé. Une vraie expérience sensorielle, visuelle et émotionnelle comme on en voit peu. L'un des premiers gros chocs inattendus de 2013.

 

5-etoiles coup de coeur2

 

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H
Ah oui... tu es dithyrambique... et en même temps, le côté clinique, claustrophobique, froid que tu décris ne me donne pas envie... Je vais m'en passer...
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F
<br /> <br /> dommage...<br /> <br /> <br /> <br />