12 Avril 2013
Revoilà Kim Ki-Duk. Et que voilà un Lion d'or 2013 amplement mérité. Déjà à l'origine, pour moi, de quelques grands moments de cinéma, l'auteur de Printemps, été, automne, hiver et printemps revient donc très en forme. Tout comme Stoker, le film de son compatriote Park Chan-Wook, Piéta était l'un de mes plus attendus de l'année. On retrouve ici la virtuosité d'une mise en scène digne de celle de Locataires ou de Souffle. Moins contemplative mais tout aussi puissante. D'entrée on est pris à la gorge par le parcours de ce truand à la dérive. De scènes fortes en déchirements intimes, la pression et la tension montent jusqu'à un final terrible qui glace le sang. Le scénario est tendu comme un arc, violent, sombre, haletant et tellement tragique. Abandon, pardon, rédemption, vengeance, sacrifice. Autant de thèmes forts (privilégiés du réalisateur) qui nous remuent au plus profond devant cette vraie tragédie grecque à la coréenne. Une histoire forte souvent très dérangeante, voir malsaine, aussi bien dans les images que dans les intentions. Les deux comédiens sont absolument parfaits. Lee Jung-Jin (le fils) et Min-soo Jo (la mère) forment un duo aussi repoussant qu'attachant, tous les sentiments se mêlant un peu contradictoirement. Comme d'habitude, le metteur en scène soigne autant la forme que le fond. Les images sont toutes aussi sublimes que dans ses précédents long-métrages. S'il est peut être moins poétique, il est tout aussi fort et poignant. J'en suis ressorti bouleversé. Une nouvelle preuve que le cinéma sud-coréen est toujours l'un des plus innovants et des plus passionnants du moment. Kim Ki-Duk signe donc une nouvelle fois une œuvre puissante, un peu différente de ce qu'il nous a déjà offert mais tout aussi proche du chef d'oeuvre. Un film intense et désespéré, sombre et crépusculaire. Un grand moment.