9 Février 2017
Premier film américain pour Andrea Arnold. En traversant l’Atlantique, celle qui nous a enchanté avec Red Road, Fish Tank et Les hauts de Hurlevent perd un peu tout ce qui faisait l’attrait de son cinéma : profondeur et esthétisme. Pour ma part, plusieurs choses nuisent considérablement au film. Sa durée déjà : 2h43. Il y a bien trois quarts d’heure, voir une heure, de trop et c’est bien là, à mon avis, son plus gros défaut. C’est long, on s’ennuie la plupart du temps, ça n’évite pas les clichés et ça finit par tourner en rond. Le tout plus serré, avec des personnages (pas vraiment aimables, mais ce n’est pas un problème, même s’ils ne sont jamais jugés) plus creusés et plus développés, aurait peut être donné quelque chose de plus dense, de plus compact, un sentiment d’urgence, d’énergie, de fuite en avant (car c’est bien ce que font tous les protagonistes), qu’on ne ressent pas vraiment ici. Un gros problème pour moi ensuite, le tournage caméra à l’épaule (sans parler de la multitude de flous et de gros plans). Si je comprends l’intérêt pour le réalisateur (plus de liberté de mouvement, d’authenticité…), il est moindre pour le (certains) spectateur(s). J’ai très vite eu mal au coeur et c’est au prix de gros efforts que je suis resté jusqu’au bout. A revoir en DVD donc dès que possible, pour voir si cela a vraiment influencé mon jugement (mais je ne le pense pas spécialement). Esthétiquement enfin, la réalisatrice ne nous propose rien de plus que sur son dernier film : même format d’image, mêmes plans sur la nature, etc...Ce qui passait très bien sur un classique de la littérature anglaise, ne passe pas forcément partout. Reste quelques (rares) beaux moments de mise en scène, de jolis moments tout court, une belle interprétation, mais pas assez pour nous faire vraiment adhérer. Et puis, et surtout, il n’y a pas d’émotion, quelle qu'elle soit. Une vision peu reluisante de l’Amérique qui aurait pu être le portrait déchirant ou convaincant d’une certaine jeunesse américaine d’aujourd’hui. Mais non. Son pays natal l’inspire peut être plus car voilà donc ici la première déception de la part d’Andrea Arnold.