Seul dans un théâtre parisien après une journée passée à auditionner des comédiennes pour la pièce qu’il s’apprête à mettre en scène, Thomas se lamente au téléphone sur la piètre performance des candidates. Pas une n’a l’envergure requise pour tenir le rôle principal et il se prépare à partir lorsque Vanda surgit, véritable tourbillon d’énergie aussi débridée que délurée. Vanda incarne tout ce que Thomas déteste. Elle est vulgaire, écervelée, et ne reculerait devant rien pour obtenir le rôle.
Deuxième adaptation d'une pièce de théâtre (et huis-clos) consécutive pour Roman Polanski. Seul point commun cependant avec le déjà très réussi Carnage sorti fin 2011. Adaptée d'une pièce américaine contemporaine, elle même adaptée d'un roman autrichien du XIXè, La Vénus à la fourrure est une vraie surprise et donc un vrai plaisir. Plaisir d'acteurs d'abord. Si je n'apprécie pas plus que cela Mathieu Amalric, je l'ai trouvé, une fois n'est pas coutume, vraiment très bien. Emmanuelle Seigner, quant à elle, est toujours très bien. Après quelques seconds rôles remarqués dernièrement (Essential killing, Quelques heures de printemps, Dans la maison), elle trouve un grand rôle puissant et magnifique. Elle est formidable. Si elle est très agaçante les dix premières minutes, et j'ai redouté alors le pire, dès que l'audition commence, les craintes s'envolent et elle décolle littéralement et le film avec elle. Jusqu'au dénouement, je l'ai trouvé parfaite. Plaisir du texte ensuite. Une joute verbale quasi jubilatoire, où chaque personnage, tour à tour, manipulateur, manipulé, dominateur ou dominé, va se découvrir, s'abandonner ou se laisser piéger au cœur d'une lutte sans merci. Un affrontement, lutte de classes, lutte des sexes, sur des dialogues intelligents, cyniques et percutants nous menant dans un véritable thriller psychologique dont on ne sait jamais qui est vraiment qui et comment cela va se terminer. Plaisir des yeux aussi, décor magnifique d'un théâtre entièrement reconstitué pour l'occasion, associé à celui des oreilles pour un montage son original (le bruit des accessoires fictifs) sur une belle musique d'Alexandre Desplat. Le tout unifié par une mise en scène aussi solide que discrète, nous faisant oublier cet effet de théâtre filmé. Un très beau film donc, avec plusieurs niveaux de lectures possibles, une belle histoire d'amour, sur fond de l'éternelle lutte des pouvoirs entre homme et femme. Un Polanski brillant et fascinant, un grand cru. Un vrai plaisir.