23 Juillet 2017
Ce polar couvert de prix (Grand Prix Sundance, Beaune) n’est pas comme son titre, son thème et son affiche pourraient le laisser croire égyptien, mais bel et bien européen (voir scandinave : coproduit par la Suède, le Danemark et l’Allemagne). Tarik Saleh, le réalisateur, certes d’origine égyptienne, et Fares Fares, l’acteur principal d’origine libanaise, sont tous deux suédois. Annoncé comme le polar de l’année, on en est certainement pas loin. L'histoire est sombre, légèrement glauque. Ambiance lourde et pesante, rebondissements, fausses pistes, surprises, tous les ingrédients du bon film noir sont là. Sur fond de printemps arabe, de corruption généralisée et de solitude, Nourredine, lui-même flic corrompu, a bien du mal à se faire entendre dans une enquête des plus délicates touchant au pouvoir en place (inspiré d’un fait réel). La mise en scène est sobre et élégante, le scénario est minutieux (terriblement prenant malgré un rythme assez lent) et puissant, les images léchées du français Pierre Aïm sont splendides. Le tout est donc parfaitement maîtrisé. La ville du Caire est un protagoniste à elle toute seule, aussi fascinante qu’effrayante. Malgré ses défauts, on s’attache très vite et très facilement au personnage principal. Il est impeccablement interprété par Fares Fares qui trouve là un rôle (son meilleur à ce jour) bien différent de ceux pour lesquels on le connaît (il est dans le dernier Vinterberg et dans de nombreux films danois et scandinaves récents). Le reste du casting est aussi très bien.
Un certain portrait de l’Egypte, coincée entre tradition, corruption et désir de liberté. Un magnifique polar donc, habilement mêlé de social de politique et d’Histoire, aussi sombre qu’haletant. Un film assez envoutant, aux allures crépusculaires, nostalgique et désabusé, qui nous fait passer un excellent moment. Un vrai petit bijou en somme.