Au cœur du hammam loin du regard accusateur des hommes, mères, amantes, vierges ou exaltées islamistes, des fesses et des foulards de Dieu se confrontent, s’interpellent entre fous rires, pleurs et colères, bible et coran… avant le sifflement d’un poignard et le silence de Dieu.
Séance de rattrapage pour ce film sorti en avril et que j’avais raté en salle. Je suis pourtant un grand fan de Hiam Abbass. Une fois de plus elle est formidable dans ce rôle de femme forte, autoritaire mais emplie d’humanité, de tendresse et d’amour. Tout comme le film. Pour son premier long métrage, Rayhana adapte sa propre pièce, écrite deux ans après avoir été obligée de quitter l’Algérie, menacée pour ses opinions. Le film commence comme une comédie, pour glisser progressivement vers quelque chose de plus en plus dramatique et se terminer en vraie tragédie. La mise en scène est aussi maitrisée que discrète. Le scénario aussi finement qu'intelligemment écrit. La direction d’acteurs et l’interprétation achèvent de faire de ce film un véritable petit bijou. Aux côtés de la grande comédienne citée plus haut, une bande d’actrices épatantes parmi lesquelles l'inénarrable et formidable Biyouna. Un huis clos aussi dur que magnifique, sur la condition des femmes musulmanes, et plus généralement de toutes les femmes face à la domination masculine et l'hypocrisie des religions. On en sort pas indemne, aussi touché que bouleversé. Même si les choses bougent, il reste encore beaucoup, beaucoup de travail. Un très beau film, aussi réussi sur la forme que sur le fond.