13 Janvier 2013
Chaque film de Paul Thomas Anderson est un événement. Pour ma part depuis Boogie Nights (1998), je les attends avec impatience, celui-ci étant l'un des plus attendus de l'année. Pour arriver vierge devant le film, j'ai, une fois de plus fait, le block-out total sur la promo (pas de bande-annonce, pas de télé...), ce qui est extrêmement difficile de nos jours ! Premier constat en sortant de la salle : j'étais très dubitatif mais je ne m'étais pas ennuyé une seule seconde sur les 2h17 de projection, c'est bon signe en général. Je peux même dire après coup que, d'entrée j'ai été subjugué et de plus en plus fasciné au fil du récit. Il faut dire que l’interprétation totalement habitée de Joaquin Phoenix impressionne immédiatement et ne peut que forcer l'admiration. Il est tout bonnement phénoménale, incroyable. J'en fait mon favori pour l'Oscar (même si j'aime beaucoup Bradley Cooper et que Day Lewis devrait l'emporter). D'ailleurs la direction d'acteur est juste impeccable. Il faut dire que Philip Seymour Hoffman n'a plus rien à prouver, il est toujours parfait et que Amy Adams qui, discrètement et sans en avoir l'air, est assez terrible dans un rôle beaucoup plus important qu'il n'y paraît (finalement qui manipule qui ? Le maître c'est peut être elle...). La mise en scène de Anderson pourrait paraître pompeuse et prétentieuse mais elle est juste brillante. Et virtuose comme toujours. D'une incroyable justesse et fluidité. Son scénario, limpide et clair, nous tient en haleine de la première à la dernière minute. Et peut mettre mal à l'aise pour le côté sectaire (on pense bien sûr à l'Eglise de Scientologie).Techniquement rien à dire, tout est parfait. Les images sont splendides, la musique magnifique. La reconstitution des années 50 est très réussie, l'ensemble est d'une très belle élégance.
Tout cela fait de The Master un grand film sur le pouvoir de la manipulation, intime ou de masse. Irréelle mystification basée sur du vent. A la fois troublant et énigmatique, il donne matière à réfléchir et risque d'être très controversé et de diviser, mais il marquera et laissera des traces. Et impose définitivement P.T. Anderson, qui n'a jamais déçu, comme l'un des meilleurs réalisateurs de sa génération. Interprétation hallucinante, scénario intelligent, mise en scène grandiose et maîtrisée. Finalement on est là devant le premier choc de 2013...Fascinant et impressionnant.
Filmographie Paul Thomas Anderson