Ombline

Il est de ces films qui passent sur les écrans tellement rapidement que l'on en entend même pas parler. Et l'on passe à côté d'un petit bijou. Il suffit alors que deux personnes vous en parlent avec chaleur et émotion (et un trou dans un emploi du temps aussi). Car au-delà d'être une surprise inattendue, Ombline nous donne avant tout une bonne grosse claque. C'est le premier long de métrage de Stéphane Cazes (dont on reparlera sûrement) qui s'est investi pendant des années dans le monde carcéral pour mener à bien ce projet. Il réussit ici ce que peu de metteurs en scène réussissent : nous prendre d'entrée à la gorge avec une émotion qui ne nous lâchera plus jusqu'à la dernière seconde. Cette émotion qui reste à fleur de peau en permanence et qui fait couler les larmes, comme ça, simplement et sans que l'on s'en aperçoive, à intervalles réguliers. Tout cela sans pathos, sans effets mélos, sans musique (pourtant magnifique) qui tire sur les violons et sans interprétation trop appuyée. De par le thème, naissance et maternité en prison, il y avait pourtant de quoi. Le personnage principal n'est d'ailleurs même pas spécialement sympathique. Dure, violente, agaçante, elle va changer, contrainte et forcée, sous peine de perdre son enfant. Un parcours du combattant -contre l'administration pénitentiaire, les co-détenues, la famille, les amis et surtout elle-même- va alors commencer qui va la transfigurer et changer sa vie. Pour incarner cette prisonnière, Mélanie Thierry (que je n'apprécie pas plus que cela par ailleurs) s'est juste surpassée. Elle est formidable, à l'image, toute proportion gardée, d'une Emilie Dequenne dans A perdre la raison. Sans doute le rôle le plus fort de sa carrière encore jeune. Une des belles performances de l'année. A ses côtés, on retrouve une Corinne Masiero (Louise Wimmer), ignoble, mais très convaincante dans un rôle vraiment très ingrat. Et elle le fait tellement bien. L'ensemble du casting, presque exclusivement féminin, est au diapason.

Que dire de la la mise en scène et du scénario de Stéphane Cazes ? Simplement que tout en fait avec extrême rigueur, sensibilité, humanité et même douceur. Une histoire forte, émouvante et perturbante, avec au bout, cahin-caha, le fol espoir d'une vie meilleure, d'une vie nouvelle. Entre maternité et rédemption, un magnifique portrait de femme comme on en avait pas vu depuis longtemps. Un vrai film coup de poing et coup de coeur. Il serait dommage de passer à côté...